La part de l’homme dans l’oraison
Veillez aux gestes et attitudes au début de l’oraison. Une génuflexion bien faite, acte de l’âme autant que du corps ; un signe de croix lent, chargé de sens […]. Quelques instants de silence : comme un coup de frein, ils vous aideront à opérer la rupture nécessaire avec les activités précédentes.
Prenez conscience alors […] de Dieu présent : un Vivant, le grand Vivant qui est là, vous attend, vous regarde, vous aime. Il a son idée sur cette oraison qui commence et vous demande d’adhérer pleinement à ce qu’il veut.
Veillez aux attitudes intérieures. Très spécialement à deux d’entre elles, fondamentales, dépendance et repentance. Dépendance : une dépendance radicale, celle du torrent, qui n’est plus s’il se coupe de sa source, du sarment qui sèche et pourrit lorsqu’il est détaché du cep […]. Repentance : ce sens aigu de notre indignité foncière en présence de la sainteté de Dieu.
Nous en arrivons à ce qui constitue le centre de l’oraison. Mettez en œuvre ces trois grandes facultés surnaturelles que Dieu nous a données pour entrer en contact, en communion avec lui. […] Exercez votre foi […] pensez à lui en méditant sur ce qu’il vous dit de lui par la Création, par la Bible et surtout par son Fils […]. Mais l’important n’est pas de beaucoup penser, c’est de beaucoup aimer. Exercez la charité : adhérez de toute votre volonté à Dieu lui-même. […] Exercez aussi l’espérance, aspirez au bonheur qu’il vous promet. […] Cette « oraison théologale » est un prodigieux renouvellement de notre être remis en contact avec son Créateur.
Allez-vous penser, au terme de cette lettre, que l’oraison est un exercice bien peu simple ? Ne vous arrêtez pas à cette impression décourageante. Les actes les plus vitaux paraissent compliqués quand on les analyse […] ; mais, pour qui les pratique couramment, ils deviennent d’une grande simplicité.
Henri Caffarel, Je voudrais savoir prier, Parole et Silence, 2015, pp. 49-54.