La vertu de force pour maîtriser la peur
L’excès comme le manque d’exercice font perdre également la vigueur ; de même, dans le boire et le manger, une trop forte ou une trop faible quantité détruit la santé, tandis que la juste mesure la produit, l’accroît et la conserve. Eh bien, il en est ainsi pour la tempérance, le courage et les autres vertus : car celui qui fuit devant tous les périls, qui a peur de tout et qui ne sait rien supporter devient un lâche, tout comme celui qui n’a peur de rien et va au-devant de n’importe quel danger devient téméraire ; pareillement encore, celui qui se livre à tous les plaisirs et ne se refuse à aucun devient un homme dissolu, tout comme celui qui se prive de tous les plaisirs comme un rustre devient une sorte d’être insensible. Ainsi donc, la tempérance et le courage se perdent également par l’excès et par le manque, alors qu’ils se conservent par la juste mesure.
Plus on agit vertueusement, plus la vertu nous rend capable d’agir vertueusement.
C’est en nous abstenant des plaisirs que nous devenons modérés, et une fois que nous le sommes devenus, c’est alors que nous sommes le plus capables de pratiquer cette abstention. Il en est de même au sujet du courage : en nous habituant à mépriser le danger et à lui tenir tête, nous devenons courageux, et une fois que nous le sommes devenus, c’est alors que nous serons le plus capables d’affronter le danger.
Aristote, Éthique à Nicomaque.