Le don de soi et l’oraison
« Ô mes sœurs, quelle force renferme ce don »
C’est très fréquemment que nous lui adressons cette supplique dans le Pater [« Que votre volonté soit faite »]. Donnons-lui donc une bonne fois cette perle précieuse [de notre volonté] que nous lui offrons depuis si longtemps ; car, s’il ne nous donne pas le premier, c’est pour que nous lui donnions tout d’abord notre volonté. […] Or il arrive parfois qu’après avoir promis au Seigneur de lui donner la pierre précieuse, et l’avoir déjà placée entre ses mains, nous la reprenons. Nous montrons au premier abord beaucoup de libéralité et ensuite nous sommes si avares qu’il eut peut-être mieux valu que nous fussions moins empressés à donner.
Tous les conseils que je vous ai donné dans ce livre n’ont qu’un but, celui de vous amener à vous livrer complètement au Créateur, à lui remettre votre volonté et à vous détacher des créatures. […] Par là, en effet, nous nous disposons à arriver promptement au terme de notre course et à boire l’eau vive de source dont nous avons parlé. […] Ô mes sœurs, quelle force renferme ce don ! S’il est présenté avec toute la générosité qui doit l’accompagner, il ne peut manquer d’attirer le Tout-Puissant à ne faire qu’un avec notre bassesse, à nous transformer en lui, à unir le Créateur à la créature.
Sainte Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection, c. 34.