Le jeûne
Ne croyez pas que vous deviez redouter ce jeûne qui va prochainement arriver ; ce n’est pas à vous, mais aux démons qu’il est redoutable. […] Cela se produit surtout lorsque le jeûne est suivi de sa sœur et de sa compagne, la prière ; car, dit le Sauveur, « cette espèce de démons n’est chassé que par le jeûne et la prière » (Mt 17, 20).
Puisque le jeûne met ainsi en fuite les ennemis de notre salut, puisqu’il inspire tant de frayeur aux ennemis de notre repos, nous devons l’aimer, le chérir, et non le craindre : s’il y a quelque chose à craindre, c’est la débauche et l’intempérance, et non le jeûne, qui doivent nous inspirer de la crainte. La débauche et l’intempérance nous livrent, sans défense, à la tyrannie des vices, et nous rendent esclaves de ces maîtres pervers. Le jeûne au contraire brise les fers de notre servitude, rompt les liens qui garrottent nos mains, nous affranchit de toute tyrannie, et nous remet en possession de notre antique liberté. S’il triomphe de nos ennemis, s’il nous arrache à l’esclavage, s’il nous rend à la liberté, quelle preuve réclamerez-vous encore de sa bienfaisance envers le genre humain ?
Saint Jean Chrysostome, Homélie sur le jeûne.
La pénitence est une privation joyeuse de tout ce qui peut soulager le corps.
Les caractéristiques de ceux qui commencent à avancer dans cette bienheureuse affliction sont la tempérance et le silence des lèvres. Celles de ceux qui ont déjà fait quelque progrès la douceur victorieuse de la colère et la patience à supportes les injures. Et celles qui sont propres aux parfaits sont l’humilité, la soif pour les mépris set les humiliations, la faim volontaire des souffrances involontaires, le refus de condamner les pécheurs, et une compassion à leur égard qui dépasse les forces humaines.
Les premiers méritent d’être estimés, les seconds d’être loués, mais bienheureux ceux qui ont faim de la tribulation et soif de l’humiliation, car ils seront rassasiés d’une nourriture dont on ne se rassasie jamais.
Saint Jean Climaque, L’échelle sainte : septième degré, De la tristesse qui produit la joie, 5-6.