Le rôle de l’Esprit Saint dans l’oraison
« Le don de Dieu, c’est l’Esprit Saint »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où l’as-tu donc, l’eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et y a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau ; mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4, 11-14).
« Si tu connaissais le don de Dieu. Le don de Dieu, c’est le Saint-Esprit. Mais il parle à cette femme à mots couverts, et peu à peu il entre en son cœur. Où trouver une exhortation plus douce et plus engageante ? Si tu connaissais le don de Dieu et quel est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », peut-être lui en aurais-tu demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. Jusqu’ici il tient en suspens l’esprit de cette femme. […] Que lui promettait donc celui qui lui en demandait ? Quiconque boira de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissante jusqu’à la vie éternelle. Était-il possible de marquer plus clairement que, s’il promettait de l’eau, c’était une eau invisible, et non pas une eau visible ; qu’il parlait selon l’esprit et non selon la chair ?
Maintenant, qu’est-ce à dire : Celui qui boira de cette eau aura encore soif ? Parole véritable, si on l’applique à cette eau ; véritable encore, si on l’applique à ce dont elle était la figure. […] Supposez donc que la cupidité est le vase avec lequel on puise, et que l’eau que l’on doit tirer du puits, c’est le plaisir lui-même, et le plaisir mondain que l’on goûte, c’est le boire, le manger, le bain, les spectacles, l’impureté ; celui qui s’y adonne n’en sera-t-il plus désormais altéré ? Bien au contraire ! Donc Jésus dit avec raison : Celui qui boira de cette eau aura encore soif ; mais, si je lui donne de mon eau, il n’aura jamais soif. Nous serons rassasiés, a dit le Prophète, de l’abondance des biens de votre maison. De quelle eau donnera donc le Sauveur, sinon de celle dont il est écrit : En vous est la source de vie ? Comment, en effet, auront-ils soif, ceux qui seront enivrés de l’abondance de votre maison ? Ce que promettait donc Notre-Seigneur, c’était la plénitude et la satiété dont le Saint-Esprit est l’auteur.
Saint Augustin, Homélies sur l’évangile de saint Jean.