Les vertus morales ou la maîtrise du véhicule
Les véritables rois sont ceux qui sont rois d’eux-mêmes. … Êtes-vous appelé à mettre de l’ordre dans une maison, à la diriger, commencez d’abord par régler son âme ; c’est votre véritable maison. Si vous êtes incapable de diriger cette âme unique, vous le maître, où vous êtes toujours présent à vous-même, comment dirigerez-vous les autres ? Celui qui peut gouverner son âme, qui fait régner la soumission où il faut, l’autorité où elle doit, celui-là saura gouverner une maison ; sachant gouverner une maison, il saura gouverner la cité, et celui qui sait gouverner la cité pourra gouverner l’univers. Mais, s’il ne sait gouverner son âme, comment pourra-t-il gouverner l’univers ?
J’ai dit tout cela pour que nous ne soyons pas follement engoués de l’autorité et de la puissance, pour que nous voyions bien ce que c’est que le pouvoir ; car ce que je viens de retracer n’est pas un vrai pouvoir : c’est une dérision, un esclavage, ou de tout autre nom qu’on veuille l’appeler. Dites-moi, quel est le propre d’un magistrat ? N’est-ce pas d’être utile à ceux qui sont sous son autorité, et de leur faire du bien ? Or comment pourra-t-il être utile aux autres, celui qui n’a pu être utile à lui-même ? Celui dont l’âme est en proie aux mille tyrannies des passions, comment pourra-t-il apaiser les passions des autres ?
J’en dirai autant des plaisirs de ce monde. Ce ne sont pas des plaisirs, tout au contraire. […] Celui qui jouit véritablement, c'est celui qui est privé de ces plaisirs. On appelle plaisirs la bonne chère et la volupté ; c’est une erreur : le plaisir véritable consiste à posséder une âme vertueuse et à savourer la joie que donne la vertu.
Saint Jean Chrysostome, Homélie sur les Actes des Apôtres, 52.